L’affaire fait grand bruit auprès de la presse désireuse de surfer sur le mot clé Orelsan et d’attirer les quelques détracteurs de l’artiste restant à travers le monde.
Après les associations féministes qui ont attaqué Orelsan pour son morceau Sale pute (procès gagnés par l’artiste devant les tribunaux) et une pétition réclamant à ce qu’on lui retire ses victoires de la musique en mentionnant les paroles de Saint Valentin, l’artiste caennais se voit de nouveau attaqué par l’association Route nomade pour l’emploi du terme Mongol dans son morceau l’odeur de l’essence.
L’association reproche à Orelsan d’utiliser le mot Mongol de manière discriminante à plusieurs reprises dans son morceau.
A 2’57 du morceau :
« On prend des mongols, leur donne des armes / Appelle ça « justice », s’étonne des drames »
A 3’11 :
« Depuis qu’les mongols sont dev’nus des experts / Entourés d’mongols, l’Empire mongol / On fait les mongols pour plaire aux mongols ».
Dans une société portée par la Woke culture où l’on porte la conscience de la justice sociale et l’égalité raciale, Route nomade dénonce la stigmatisation d’un peuple à travers l’utilisation du terme Mongol en référence à une personne bête. Cette expression est entrée dans la langue française à cause d’un amalgame fait avec la trisomie 21 dans le passé. De nos jours, l’amalgame a disparu (et tant mieux) mais le terme mongol est resté dans le langage commun pour définir une personne bête.
Si on prend l’idée sans recul, on pourrait donner raison à l’association Route nomade. Cependant, ce serait également reconnaître que le public d’Orelsan et même l’ensemble de la population française n’est pas capable de faire la différence entre une expression et une ethnie.
Petit coup de pression pour gros coup de pub
Route nomade semble découvrir la musique d’Orelsan à travers ce morceau et le ras de marée de son album Civilisation. Pourtant Orelsan n’en est pas à son coup d’essai dans l’emploi du mot mongol dans ses morceaux.
On peut notamment entendre dans l’excellent morceau Suicide social :
Adieu les petits mongoles qui savent écrire qu’en abrégé
Ce même morceau où Orelsan déclame :
Adieu ces associations bien pensantes
Ces dictateurs de la bonne conscience
Bien content qu’on leur fasse du tort
C’est à celui qui condamnera le plus fort
Non, Orelsan n’est pas un prophète mais malheureusement notre société est ainsi faite. Plutôt que d’admirer la réussite d’autrui, on la jalouse et on cherche à surfer dessus pour gratter un peu de la lumière portée sur les autres.
Pour ma part, j’ai abordé cette polémique d’une autre manière, j’ai regardé ce qu’il en était de l’association Route nomade en terme de référencement naturel et social média.
Si on regarde les statistiques du site Route Nomade sur Semrush, on obtient ce résultat :
Que nous apprennent ces chiffres concrètement ?
Ce qui nous intéresse sur ce résumé est le nombre de backlinks, soit le nombre de liens pointant sur le site Route nomade. On pourrait être impressionné par les 9700 liens entrant, cependant, ces liens de sont dispersés que sur 147 domaines. Cette donnée est importante car nos indique qu’une forte portion des liens entrants vers ce site sont placés dans la barre latérale ou le pied de page des sites pointant vers route nomade. Cette typologie de liens émane souvent de sites avec lesquelles on a noué un partenariat (donc non naturels) ou de blogs de personnes proches du site qui souhaitent montrer leur appartenance à une association ou un mouvement.
On peut également s’intéresser au trafic organique estimé du site. Les estimations sont généralement en dessous de la réalité mais donnent une idée du nombre de visiteurs arrivant sur le site chaque mois en effectuant une recherche sur Google et autres moteurs de recherche. L’association Route nomade acquiert 74 visiteurs chaque mois grâce à son référencement naturel, ce qui est peu pour une association se prévalant d’être la représentante d’une culture et d’une population.
Ces donnés sont à mettre en corrélation avec l’ancienneté du domaine, Route nomade a été enregistré en 2006, une association active et reconnue devrait avoir beaucoup plus de lien pointant vers son site en 15 ans.
Côté réseau sociaux chez route nomade
Si on aborde la réputation de l’association route nomade, on constate rapidement que celle-ci est loin d’être fulgurante. Avec 1100 abonnés sur Facebook, l’association qui publie pourtant régulièrement remporte autant d’interactions que mamie Jeanine lorsqu’elle nous dit qu’elle a l’air pas si mal cette dernière compil’ d’André Verchuren.
Côté Youtube, le compte de l’association recueil moins de 700 abonnés avec cependant quelques beaux succès dont une vidéo à 134.000 vues.
Beaucoup de foin pour pas grand chose…
Lorsque l’on creuse un peu, on ne peut que se rendre à l’évidence que l’association Route nomade a cherché à avoir un peu de visibilité en surfant sur le buzz du dernier album d’Orelsan. Dans une société où la visibilité est le nerf de la guerre pour tout un chacun on ne peut pas réellement leur en vouloir même si on frôle le ridicue.